Pourquoi le Brexit était une erreur, d’un point de vue libertaire — Institute of Economic Affairs

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De nombreux libertariens ont soutenu le Brexit, estimant qu’il réduirait les niveaux gouvernementaux et rapprocherait le pouvoir du peuple britannique. Ils y ont vu une opportunité d’échapper au contrôle de la technocratie bruxelloise, espérant une autonomie et une liberté économique accrues. Cependant, cet article soutient que le Brexit, plutôt que de diminuer le contrôle gouvernemental, l’a intensifié au Royaume-Uni. Certains libertaires ont soutenu le Brexit en raison d’une mauvaise compréhension de la nature et du rôle essentiels de l’Union européenne.

L’argument libertaire en faveur du Brexit était centré sur l’idée d’éliminer l’ingérence perçue comme excessive de la part de l’UE. De plus, le Brexit était considéré comme une forme de sécession, souvent privilégiée pour promouvoir un programme libertaire. Les partisans du Brexit envisageaient une Grande-Bretagne rajeunie, retrouvant sa souveraineté et connaissant moins de contraintes réglementaires. Ils imaginaient un pays libéré de Bruxelles et du Luxembourg, capable de gérer son avenir de manière indépendante, conduisant potentiellement à plus de liberté et d’efficacité économique. Cependant, cette perspective ne parvient pas à comprendre la fonction de l’UE et les implications d’une rupture avec elle.

La critique de l’UE la présente souvent comme un super-État excessif, s’emparant de la souveraineté nationale. Cette perspective, alimentée par la rhétorique des technocrates de la Commission européenne et de l’establishment bruxellois dans son ensemble, suggère à tort l’ambition d’un super-État européen – une idée fausse qui a joué un rôle dans la décision du Royaume-Uni de quitter l’UE. Cette interprétation néglige la véritable nature et le but de l’UE. Contrairement à son statut de super-État émergent, l’UE fonctionne essentiellement comme un ensemble de régimes conçus pour contrôler le pouvoir excessif de l’État. La notion de l’UE comme un État absolu naissant est une interprétation erronée de sa véritable fonction : réguler et équilibrer les pouvoirs de l’État, notamment en matière économique.

L’UE est née du principe de séparation verticale des pouvoirs. Il est important de noter que l’UE autorise le retrait de ses membres, soulignant ainsi sa distinction par rapport aux États absolus, qualifiés d’indivisibles. L’adhésion à l’UE implique que les États limitent mutuellement leur pouvoir arbitraire – par exemple, limiter le commerce international ou contrôler la circulation des personnes. Il s’agit de domaines dans lesquels les politiques gouvernementales débordent généralement d’une vaste intervention nationale. À une époque où le pouvoir de l’État est plus étendu que jamais, la principale méthode pour freiner ce pouvoir consiste à équilibrer les pouvoirs entre les États eux-mêmes.

L’objectif premier de l’Union européenne est de diffuser et de limiter le pouvoir, plutôt que de le centraliser. Cette approche est évidente dans les efforts de l’UE visant à réduire l’intervention excessive de l’État dans le commerce, les mouvements de capitaux et la circulation des personnes. En matière monétaire, la création d’une Banque centrale européenne (BCE) indépendante à la suite du traité de Maastricht visait à imposer des limites à la dévalorisation monétaire – une stratégie commune des États allant trop loin. Les mécanismes de l’UE sont structurés pour équilibrer et réguler, plutôt que pour accroître le pouvoir sur les activités économiques.

Le programme étendu d’assouplissement quantitatif (QE) entrepris par la BCE marque effectivement une pause dans la politique de l’UE. Cependant, ce problème découle principalement de l’irresponsabilité budgétaire des gouvernements nationaux, plutôt que d’une UE trop ambitieuse. Le QE a été lancé en réaction aux défis économiques au niveau national, plutôt qu’en tant que produit de l’expansionnisme de l’UE. Reconnaître cette distinction est essentiel pour comprendre le rôle réel de l’UE par rapport à l’impact des politiques nationales qui dominent souvent le débat.

Après le Brexit, l’orientation politique du Royaume-Uni n’a pas suivi l’idéal libertaire d’une intervention limitée de l’État. Les compétences qui étaient autrefois partagées ou contrôlées par les institutions de l’Union européenne ont été récupérées par le Royaume-Uni, mais n’ont pas été déléguées au niveau régional ou local, encore moins aux individus.

Le Brexit, au lieu d’être une avancée vers plus de liberté, était principalement motivé par le désir de protéger l’État-providence britannique. Cet objectif entre en conflit avec les idéaux libertaires, qui favorisent une intervention gouvernementale minimale. Dans le contexte de l’UE – un espace économique ouvert – le maintien d’un système de protection sociale universel présentait des défis. Le retrait de l’UE reflétait donc une préférence pour des solutions étatiques, s’écartant d’une vision libertaire d’une Grande-Bretagne déréglementée avec des obligations d’État limitées.

De plus, après avoir quitté l’UE, le Royaume-Uni continue de collaborer avec elle dans des domaines souvent critiqués par les libertaires. Cela inclut la participation au financement européen de la recherche et au contrôle de l’immigration. Une telle implication continue indique un retrait sélectif de l’UE. Le Royaume-Uni conserve des liens dans des domaines qui remettent en question l’objectif libertaire d’une ingérence minimale de l’État et de la libre circulation.

La méthode utilisée par l’UE pour centraliser le financement de la recherche est, d’un point de vue libertaire, un exemple de contrôle bureaucratique excessif. Dans ce système, la prise de décision concernant le financement est concentrée entre les mains d’un groupe sélectionné de bureaucrates. Ces personnes n’ont nécessairement pas la compréhension globale requise pour répartir efficacement les ressources dans un large éventail de domaines de recherche. L’absence d’un mécanisme de calcul économique efficace se traduit par une allocation de fonds politiquement motivée. Généralement, cela favorise les projets favorables à l’intervention gouvernementale, tout en négligeant les recherches qui remettent en question ses mérites. La décision du Royaume-Uni de maintenir son implication dans ce cadre après le Brexit est révélatrice d’une approche centrée sur l’État, qui s’écarte de la voie libertaire attendue.

Lorsque l’on examine les résultats du Brexit sous l’angle libertaire, on constate un écart notable par rapport aux résultats attendus. Les libertaires espéraient une réduction de l’implication de l’État, une plus grande liberté économique et une évolution vers un pouvoir décentralisé. Cependant, la réalité est bien différente, marquée par le contrôle de l’État et des politiques contraires aux idéaux libertaires. Cette situation souligne l’importance de réévaluer de manière critique le point de vue libertaire sur le Brexit et de comprendre ses implications.

Une réévaluation du rôle de l’Union européenne au lendemain du Brexit met en évidence sa capacité en tant qu’agent stabilisateur contre un contrôle étatique excessif, notamment en matière économique. Les politiques de l’UE régissant le commerce et la mobilité humaine, même si elles ne sont pas parfaites, visent à freiner les pouvoirs solitaires des États membres individuels. À la suite du Brexit, le Royaume-Uni s’est encore plus éloigné de l’idéal libertaire d’une intervention gouvernementale minimale dans ces domaines.

La saga du Brexit offre des informations essentielles pour le développement de politiques libertaires. Il illustre les défis liés au détachement de l’autorité de l’État de la coopération internationale et souligne les dangers d’une centralisation accrue de l’État dans la quête de la souveraineté nationale. Les libertaires devraient tenir compte de ces leçons dans leurs futures propositions politiques, en mettant l’accent sur une meilleure compréhension des affaires internationales et sur l’équilibre délicat entre l’autonomie nationale et l’influence restrictive des organisations supranationales comme l’UE.

Actuellement, le débat autour des relations du Royaume-Uni avec la Convention européenne des droits de l’homme devient de plus en plus critique. Si le Royaume-Uni décidait de se retirer, cela conduirait probablement à une position plus extrême de la politique de l’État à l’égard des migrants, ainsi qu’à une perturbation potentielle des compétences judiciaires décentralisées au sein du Royaume-Uni.

Rétrospectivement, l’argument libertaire en faveur du Brexit semble avoir été fondamentalement erroné dans sa compréhension de la nature et des fonctions de l’Union européenne. Ce malentendu a contribué à une centralisation accrue du pouvoir au Royaume-Uni et à des politiques contraires aux principes libertaires. Ces évolutions soulignent la nécessité d’une réévaluation des visions libertaires sur la souveraineté nationale et la coopération économique internationale, en particulier dans un contexte où la régulation étatique est presque sans limites.

Alors que les libertariens réévaluent les leçons du Brexit, la priorité devrait être de formuler des politiques qui incarnent véritablement une intervention minimale de l’État et promeuvent les libertés individuelles. Cela nécessite une analyse de la dynamique de la coopération internationale et des éventuels effets involontaires du retrait des cadres de coopération. Un aspect clé de la perspective libertaire devrait impliquer la reconnaissance de l’importance de la séparation verticale du pouvoir et du rôle des freins et contrepoids que les États peuvent exercer les uns sur les autres.

Le Dr Emmanuel Comte est chercheur principal à la Fondation hellénique pour la politique européenne et étrangère (ELIAMEP).

Bibliographie :

économie politique t.3 ; macroéconomie.,Présentation du livre.

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